Dans le cadre de la deuxième séance du séminaire 2024 – 2025 consacré à la politique de la ville et la décentralisation, le comité d’histoire de la politique de la ville propose un webinaire avec Pierre-René LEMAS afin d’apporter son regard sur le sujet.
Outre son expérience aux cabinets des ministres de l’Intérieur en charge de la décentralisation Gaston Defferre et Pierre Joxe, Pierre-René Lemas a occupé plusieurs positions au sein des services de l’État, alternant entre fonctions préfectorales et fonctions de direction centrale au sein du ministère de l’Équipement. Lors de cette deuxième séance (ou première bis), Pierre-René Lemas a accepté de revenir sur son expérience de la politique de la ville et de ses transformations entre 1982 et 2014. Nous l’interrogerons autour de trois thèmes :
- •Comment la notion et la pratique du contrat, comme nouveau mode de relation entre pouvoir central et pouvoir locaux émerge-t-elle au cours des années 1980 ; d’où vient ce nouvel instrument de politique publique, quels en ont été les développements et les résonances ultérieures ? A-t-il réellement modifié la manière de conduire l’action publique ? Comment les Préfets s’en sont-ils saisis ? Dans quel rapport aux élus locaux ?
- •Comment les développements et la prise de consistance de la politique de la ville a-t-elle été perçue du côté du ministère de l’Équipement ? Le corps des ingénieurs des Ponts a-t-il eu le sentiment d’être dépossédé de la question urbaine, qui était dans les années précédentes, l’une de ses prérogatives ? Comment le Ministère et ses fonctionnaires se sont-ils (ou non) accommodés de la politique de la ville ? Quels étaient les liens avec les organes de la politique de la ville, à commencer par la Délégation interministérielle à la ville ?
- Comment Pierre-René Lemas analyse-t-il les développements de la politique de la ville, notamment autour de la création de l’ANRU. Ce processus d’agencification, appelé ensuite à gagner d’autres secteurs de l’action publique est-il, selon lui, un approfondissement de la décentralisation (comme aujourd’hui par exemple l’ANCT dont la raison d’être est « d’être au services des collectivités territoriales »), une recentralisation, comme l’analysent certains chercheurs et de nombreux élus et acteurs de terrain, ou encore le signe d’un processus de « dépolitisation » de l’action publique ? De ce point de vue, la création de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine marque-t-elle le débout d’une nouvelle séquence ou est-elle au contraire l’aboutissement d’un processus commencé quelques années plus tôt ?